Années 30 : période trouble…
Même les avant-gardes sont souvent troubles à cette époque. Les intentions, même « pures » peuvent déboucher sur des actes, des déclarations ou des comportements contre-productifs.
On voit bien l’ambiguïté de la relation aux arts dits primitifs. Dans le chaos des années 30 (mais ça date bien d’avant, dès 1905 d’ailleurs) le monde occidental est considéré comme pourri, dégénéré, corrompu, habité par le mal, etc. Les arts en portent les traces. D’où la volonté de retour aux origines. D’avant la corruption, le monde idyllique, l’âge d’or (appelons-ça comme on veut.).
La perfection de la statuaire grecque de l’époque hellénistique, c’est évidemment déjà la corruption. L’ «authenticité », la « pureté » devront être recherchées aux époques les plus reculées (-600, avant J.C. ça devrait être suffisamment lointain pour coller aux exigences de cette recherche de l’âge d’or).
J’aime néanmoins ces sculptures pour leur côté fruste, brut, dionysiaque, animées d’énergie forte et remarquablement photographiées par Lotar (une sorte d’éclat, de détonation dans un ciel noir).
Mais personnellement, je suis extrêmement prudent sur l’utilisation que l’on peut en faire dans le contexte de ces si troubles années 30 et de ce que l’on sait de l’utilisation qui a été faite de l’art en général.
L’ «authenticité », la « pureté » sont deux concepts parmi les plus dangereux, en tout cas parmi ceux qui ont fait le plus de mal dans cette des origines.
PS : je relis ce que je viens d’écrire et j’ai l’impression d’être un rabat-joie. En ces temps tourmentés où l’on accueille les dictateurs à bras ouverts, je me sens pas l’âme d’un romantique. Parano, plutôt.
Bon, faut pas déconner : vivent Lotar, Prévert, Boiffard, Leiris, Bataille !
(tu connais mon camp, chère Laurence ? ;-)